« Attendre et anticiper »

 

Alors que la Belgique est entrée début mars dans la phase 2 du « plan de gestion des risques » du SPF Santé Publique, les premières répercussions de l’épidémie de coronavirus se font déjà sentir dans ce microcosme qu’est le secteur du tourisme. Petit tour d’horizon d’une situation qui évolue quotidiennement.

En France, 1/3 des hôteliers et des restaurateurs constatent une baisse d’activité depuis mi-février de l’ordre de 10 à 20%[1]. À Bruxelles, fin février, l’association des hôtels bruxellois calculait un manque à gagner de l’ordre de la dizaine de millions d’euros suite aux nombreuses annulations auxquelles le secteur fait face[2]. Et début mars, l’organisation mondiale du tourisme estimait les pertes financières liées à l’épidémie à une vingtaine de milliards de dollars… minimum[3]. Cette épidémie, et la panique qui l’accompagne, c’est celle du COVID-19, aussi appelé le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2, ou simplement coronavirus.

Chine, Corée du Sud, Japon, puis Etats-Unis, Italie, Allemagne, France et enfin la Belgique. La progression du coronavirus continue, et la Belgique n’est plus épargnée depuis mars. En réaction, le SPF Santé Publique a placé le pays en phrase 2 de son plan d’alerte épidémies. En France, les manifestations de masse sont interdites et les premiers décès arrivent. Le nord de l’Italie, deuxième pays le plus touché par l’épidémie, a été placé en quarantaine le 8 mars, avant d’étendre ces mesures à l’ensemble du territoire[4]. La Chine, elle, compte près de 80 000 personnes contaminées pour pas loin de 3000 décès.

Conséquences à la fois directes et indirectes du virus : l’économie mondiale tourne déjà au ralenti et le secteur du tourisme semble tétanisé. Comme lors de chaque (récent) épisode de maladies virales, le public préfère la sécurité du foyer à l’aventure de la découverte. De plus, avec les fermetures de plus en plus généralisées de lieux publics et les annulations d’événements, tout comme le « risque de » pour ceux qui sont toujours ouverts, que reste-t-il à voir, à faire ou même à prévoir ?

Qu’est-ce qui cause ce ralentissement ?

 La première cause de ce ralentissement est évidemment la maladie elle-même. Le monde prend la menace du COVID-19 au sérieux et s’arme pour éviter l’épidémie. Que ce soit en empêchant les voyages (comme la Chine, qui a interdit les voyages en groupe à l’étranger), en les déconseillant (comme la France, qui incite ses citoyens à différer les voyages à l’étranger) ou en les bloquant (comme l’Italie, qui a placé le nord du pays en quarantaine avant de limiter les déplacements dans l’ensemble de la botte), les instances étatiques tentent, par tous les moyens, de limiter la propagation du virus.

Du point de vue touristique, cela a deux premières conséquences : les annulations de fait, légions en ce moment puisque les clients ne voyagent plus, et les annulations préventives, par peur de la contamination, des annulations et/ou de la quarantaine, de plus en plus imposée aux touristes de retour au pays.

C’est là qu’apparaît le principe de précaution : face au risque d’épidémie, de quarantaine ou de voyage « inutile » (si tout est fermé, si les sorties sont interdites, si les événements sont annulés[5]), le touriste annule ou reporte son séjour. Pour preuve, entre le 22 et le 25 février 2020, le trafic de Google Hôtels Ads, Trivago et TripAdvisor a diminué de 52% pour l’Italie, deuxième pays le plus touché par l’épidémie[6].

Et vu les fluctuations constantes de la situation, impossible de prévoir de quoi l’avenir sera fait. L’opérateur touristique peut juste serrer les dents et attendre que cela passe.

Optimiste, le scénario en V ?

Le mot d’ordre du secteur du tourisme serait d’attendre que cela passe et d’anticiper la reprise. Car il y aura une reprise, car les citoyens vont vouloir reprendre leur vie normale, car la plupart des voyages sont simplement reportés. C’est pourquoi le scénario le plus probable (ou, diront certains, le plus optimiste) serait le scénario en V[7], semblable à celui vécu lors de la crise du SRAS[8] : une chute rapide et une reprise toute aussi rapide.

Ce scénario est conforté par la temporalité de l’épidémie : le COVID-19 est apparu en décembre et pourrait (le conditionnel est ici important), comme de nombreuses maladies, « souffrir » du retour du beau temps. La chaleur du soleil et les UV sont de merveilleux antiviraux, tout comme les changements sociaux amenés par la fin de l’hiver. De plus, les mesures prises par les différents gouvernements ont aussi pour but d’enrayer au mieux la progression de la maladie et de faire repartir l’économie/le tourisme au plus vite.

C’est pourquoi, et bien que le scénario en U soit une autre possibilité (avec un temps mort entre la chute et la reprise), on peut s’attendre à ce que cette période de vaches maigres soit suivie d’un retour à la normal. D’ailleurs, et alors que la propagation du virus continue dans le monde, la Chine entrevoit déjà un retour à la normale vu le recul de la maladie dans l’empire du milieu.

Optimiste, le scénario en V ? Si, aujourd’hui, rien ne permet d’affirmer ou d’infirmer ce scénario, les expériences passées et les réactions mondiales ne poussent, en tout cas, pas vers le pessimisme, bien que la situation change tous les jours. À défaut de prévoir de quoi demain sera fait, wait and see, comme le dit l’expression.

Pour approfondir le sujet ou vous tenir au courant de l’actualité en Belgique : https://www.info-coronavirus.be/fr/

Quelques tuyaux pour les propriétaires d’hébergements : https://www.guest-suite.com/blog/coronavirus-impact-tourisme